Les �uvres de Loti, Puccini, et de beaucoup d�autres artistes europ�ens tournent autour de la figure de la femme japonaise. L�exemple plus r�cent : Le Barbare et la geisha (1958). Ce film rencontre de nombreuses difficult�s, notamment des diff�rends entre Huston et l�acteur principal John Wayne qui les conduisent � mettre un terme � leur collaboration artistique. Apr�s le tournage, les ennuis continuent : Huston a l�intention de traduire l�influence du cin�ma japonais dans des aspects comme la photographie et le rythme de son film, mais apr�s le passage en post-production, il s�aper�oit que de nombreux changements ont �t� faits. Il demande donc � ce que son nom soit retir� du g�n�rique. Cela prouve-t-il qu�Hollywood souhaite donner une autre vision, plus romantique, du Japon ? Toujours est-il qu�� l�heure actuelle, le mot � geisha � est l�un des premiers mentionn�s par le public � l��vocation du Japon. Une autre production hollywoodienne plus r�cente, le blockbuster M�moires d�une geisha (2005), r�alis� par Rob Marshall et produit par Steven Spielberg, traite aussi de ce sujet.

        Lorsqu�il s�agit d�aborder le pays de mani�re th�matique, la repr�sentation du Japon � travers ses femmes constitue l�un des leitmotivs utilis�s par les artistes occidentaux. Cela est s�rement d� � l�approche particuli�re que le Japon a de l��rotisme. La mince fronti�re qui s�pare les images suggestives des images explicites (shunga) semble fasciner les Europ�ens et les Am�ricains, dont les plus c�l�bres artistes ne se sont jamais empar�s de l��rotisme aussi ouvertement que les Japonais. L�id�e que des images de couple en plein �bat puissent constituer une part importante de la production d�un artiste est inconnue en Occident, alors que les grands ma�tres japonais r�alisent tous de nombreux shungas. Le cin�ma prolonge aussi cette tradition japonaise, le plus c�l�bre exemple �tant L�Empire des Sens de Nagisa Oshima, sorti en 1976. Contenant des sc�nes de sexe non simul� entre les acteurs principaux, le film cr�e la pol�mique � travers le monde et la version non-censur�e n�a, � ce jour, jamais �t� montr�e au Japon.

        Mais apr�s tout, que savons-nous vraiment du Japon ? S�agit-il du m�me pays que celui des films, peupl� de geishas, de samoura�s et d�acteurs de kabuki ? Cette image s�est en partie effac�e ces vingt ou trente derni�res ann�es, laissant place � celle d�une soci�t� hautement industrialis�e dont les avanc�es technologiques font partie de notre quotidien. Le domaine des arts est sans doute le seul � pr�senter encore de grandes diff�rences. Il est vrai que ses artistes, qu�il s�agisse d�Utamaro ou de Kurosawa, de Hokusai ou d�Oshima, ne cessent de nous fasciner. Mais bien que nous soyons plus inform�s que les premiers � connaisseurs � et amateurs d�op�ra du XIXe si�cle, il faut reconna�tre que nous avons toujours tendance � imaginer le Japon comme un pays �tranger peupl� d�individus exotiques. Comme dans le film de Sofia Coppola, il semblerait que nous restions, un tant soit peu, lost in translation.

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