UKIYO-E� Vivre uniquement le moment pr�sent, se livrer tout entier � la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d��rable ; [...] ne pas se laisser abattre par la pauvret� et ne pas la laisser transpara�tre sur son visage, mais d�river comme une calebasse sur la rivi�re, c�est ce qui s�appelle Ukiyo. � Asai Ryoi ( ? � 1691), Contes du monde flottant, vers 1660         Pendant l��poque Edo (1615-1868), certaines �coles d�art sont favoris�es par les classes sup�rieures. � Edo, les samoura�s (la classe politique dirigeante, � la t�te de laquelle se trouve le shogun) sont les m�c�nes de l��cole de peinture Kano. � Kyoto, si�ge de la cour imp�riale, le style de peinture Yamato-e, qui s�inscrit dans une longue tradition japonaise, est favoris�. Au XVIIe si�cle cependant, ces deux �coles � officielles � deviennent conservatrices, donnant naissance � de nouvelles formes artistiques. Parmi elles le Bunjin-ga, le Shasei-ga, le Yofu-ga, et l�Ukiyo-e. Ukiyo-e signifie � images du monde flottant �, et doit �tre mis en rapport avec les principes bouddhistes de fugacit� de l�existence humaine. Illustr�e par des s�ries d�estampes, cette nouvelle forme d�art tend � refl�ter ce monde flottant et �ph�m�re � travers les pr�occupations h�donistes de la vie citadine, principalement des sc�nes repr�sentant les courtisanes et les acteurs de Kabuki du � quartier des plaisirs � d�Edo. D�s son apparition, l�Ukiyo-e est destin� � l�homme de la ville.         Bien que les estampes s�inscrivent dans une tr�s longue tradition de l�art japonais (sans doute la plus ancienne au monde), elles n�atteignent pas la culture populaire avant le XVIIe si�cle et les illustrations de romans populaires appel�s tanroku-bon. Cependant, leur style est celui des �l�gantes peintures de l�Yamato-e. Gr�ce � l�apparition d�un nouveau genre litt�raire, le Kanazoshi, le style des illustrations �volue et pr�figure l�Ukiyo-e � venir. Celui-ci gagne en popularit� et bient�t, un public plus raffin� se met � passer commande aupr�s des artistes et des artisans connus de l�Ukiyo-e. En 1765, une technique appara�t qui permet d�imprimer en couleur. Alors qu�auparavant les estampes �taient monochromes puis peintes � la main, les impressions peuvent maintenant �tre polychromes. Ces avanc�es technologiques conduisent les artistes � repousser les limites de l�estampe, faisant du style Ukiyo-e un moyen d�expression artistique puissant. Il s�agit aussi d�un mode artistique collaboratif puisque chaque estampe requiert le travail conjoint de l�artiste, du graveur, de l�imprimeur et de l��diteur. La fabrication d�une estampe Ukiyo-e         L�artiste r�alise un dessin pr�liminaire ainsi qu�une copie plus pr�cise d�o� sera tir�e l�estampe. Apr�s avoir �t� soumis � la censure puis approuv�, le dessin est envoy� au graveur qui le colle contre une planche de bois et �vide les zones blanches. Les impressions seront faites en noir � partir de cette planche. Le peintre choisit ensuite les couleurs � ajouter sur les diff�rentes impressions monochromes. Suivant ses instructions, le graveur cr�e des planches destin�es aux couleurs. Une fois que les premi�res impressions en couleur sont r�alis�es, elles doivent �tre corrig�es au besoin et approuv�es par l�artiste et l��diteur. Apr�s cela, l�estampe d�finitive est r�alis�e. Il est int�ressant de noter que l��diteur supervise l�int�gralit� du processus puisqu�il d�tient les droits sur les estampes produites. Les C�l�bres S�ries de Hokusai Trente-Six Vues du mont Fuji (vers 1830-1835) Sous la Grande Vague au large de la c�te �
Kanagawa         Les Trente-Six Vues du mont Fuji constituent une s�rie majeure d�estampes, non seulement pour leur qualit� esth�tique mais aussi pour leur th�me. L�int�gralit� de la s�rie, comme son titre l�indique, est consacr�e au mont Fuji. Ce volcan de 3 776 m�tres de haut, visible depuis Edo les jours de beau temps, n�a eu de cesse d�inspirer po�tes et peintres.         Dans ses remarquables repr�sentations du mont, qui sont au nombre de quarante-six et non de trente-six comme le dit le titre, Hokusai cr�e un �quilibre entre la peinture japonaise traditionnelle et les influences occidentales. Avant que Hokusai ne s�empare de ce sujet, le paysage �tait consid�r� comme un simple arri�re-plan pour les figures, g�n�ralement des acteurs ou des femmes � la mode. Des estampes de paysage existaient bien, mais elles �taient peu fr�quentes et n��taient pas consid�r�es comme un genre � part enti�re. Produire une s�rie uniquement consacr�e � des paysages grand format constituait donc un pari risqu� pour Hokusai et son �diteur. Elle s�av�rera par la suite une �uvre charni�re dans l�histoire des estampes japonaises. Voyage au fil des cascades des diff�rentes provinces (1832)         Cette s�rie comprend huit vues de c�l�bres cascades situ�es dans diverses provinces japonaises. On ne sait pas pourquoi Hokusai choisit ce th�me, mais il fut le premier � lui consacrer une s�rie enti�re. Par-dessus tout, les cascades semblent lui avoir fourni un motif sur lequel essayer diff�rentes possibilit�s esth�tiques. Certaines d�entre elles coulent de mani�re abrupte tandis que d�autres sont entrecoup�es par l�environnement. Bien qu�inspir�es par l�observation de la nature, ces compositions font la part belle � l�imagination de Hokusai, donnant naissance � une s�rie tr�s int�ressante qui, contrairement au Trente-Six Vues du mont Fuji, pr�sentent peu d�influences occidentales. La Cascade d�Amida, sur la route de Kiso Miroir de la po�sie chinoise et japonaise (1833) Alors que les Trente-Six Vues du mont Fuji furent un succ�s commercial, la s�rie Miroir de la po�sie chinoise et japonaise �tait destin�e en particulier � une �lite cultiv�e et � une circulation restreinte. La s�rie comprend dix compositions qui mettent chacune en sc�ne un po�te classique devant un paysage. Ces paysages repr�sentent des lieux li�s au po�te ou aux d�cors �voqu�s dans leurs po�mes. Les allusions n�auraient pas �t� �videntes pour un plus large public, ce qui explique leur port�e restreinte � une client�le plus �duqu�e, et la raret� de cette s�rie par rapport � d�autres ensembles plus populaires.         Les accomplissements esth�tiques de ces estampes reposent en grande partie sur leur harmonie de couleurs et leur gradation de teintes, qui devaient probablement sembler innovatrices � l��poque. Le nombre d�exemples de cette s�rie �tant en comparaison tr�s limit�, cela en fait l�une des favorites des chercheurs. Le Po�te chinois Bai Juyi (Bai Juyi), de la s�rie Miroir de la Cent Vues du mont Fuji (1834 - vers 1842)         La s�rie des Cent Vues du mont Fuji est commun�ment admise comme le chef-d��uvre d�illustrations de Hokusai. Les trois volumes qui composent la s�rie furent un exemple majeur de production luxueuse, grav�e par les meilleurs artisans de l��poque et imprim�e en noir et nuances de gris. Ces illustrations montrent le g�nie cr�ateur de Hokusai � travers une s�rie de compositions originales fond�es, une fois de plus, sur le mont Fuji.         Hokusai int�gra une courte autobiographie � la fin du premier volume, ce qui prouve qu�il voyait cette s�rie comme une �tape importante de sa carri�re. C�est �galement attest� dans le fait qu�il signa d�un nouveau nom, Zen Hokusai Iitsu aratame Gakyorojin Manji (� l�ancien Hokusai Iitsu devient Gakyorojin Manji �). Et comme si ses principales �uvres ne l�avaient pas assez exprim�, Gakyorojin signifie � le vieux fou de dessin �. Le Fuji du lettr�, de la s�rie Cent Vues du mont Fuji (Fugaku hyakkei),
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