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L'ARTISTE


« Si le ciel m’avait donné cinq ans de plus, je serais devenu un grand peintre. »
(Derniers mots d’Hokusai avant sa mort en 1849)

        Hokusai est né en octobre ou novembre 1760, dans le quartier de Honjo à Edo (ancien nom de Tokyo) situé non loin de la rivière Sumida et de la campagne japonaise. À l’âge de quatre ans, il est adopté par Nakajima Ise, un fabricant de miroirs pour la famille royale des Tokugawa. Entre 1774 et 1775, Hokusai devient graveur sur bois, reproduisant les dessins des peintres locaux. Seulement trois ans plus tard, il abandonne son activité dans le but de devenir lui-même artiste, refusant d’être le simple traducteur ou médiateur du talent d’un autre.

        Poursuivant sa carrière, il entre à l’âge de dix-huit ans dans l’atelier de Katsukawa Sunsho où il prend le nom de Katsukawa Shunro. En 1789, le jeune peintre de vingt-neuf ans se trouve forcé de quitter l’atelier de Katsukawa dans des circonstances singulières. Par la suite, Hokusai conserve cette étonnante habitude de déménager très souvent, ne vivant jamais plus d’un ou deux mois au même endroit.

Hokusai 1760-1849

Autoportrait de Hokusai âgé de
quatre-vingt-trois ans
, 1842.
Encre sur papier, 26,9 x 16,9 cm.

Rijksmuseum Volkenkunde, Leyde.


Il prend le nom de Sori, refusant d’appartenir à tout atelier.

        À partir de 1795, il réalise de nombreux dessins pour surimonos, des estampes luxueuses de poèmes et d’images, imprimées en un seul exemplaire et destinées aux particuliers plutôt qu’aux ouvrages ou aux magasins d’estampes. À ce moment-là, son style change radicalement et continue d’évoluer avec deux séries d’estampes de paysages datant de 1800-1805, dans lesquelles il adopte le style occidental. Signant dès lors Katsushika Hokusai, le nom sous lequel il est aujourd’hui connu, il devient un artiste renommé et suscite un grand intérêt. Le meilleur exemple de son succès est sans doute la Hokusai Manga, un ensemble de carnets de croquis publié en 1814. Ils deviennent extrêmement populaires et sont réimprimés régulièrement durant la seconde moitié du XIXe siècle.

The Moon

La Lune au-dessus du fleuve Yodo et du château d’Osaka,
de la série Neige, lune et fleurs (Setsugekka), vers 1831-1835.
Nishiki-e (gravure sur bois polychrome), 25 x 36,6 cm (oban).
Rijksmuseum, Amsterdam.

        Après un nouveau détour par la production de surimonos, Hokusai regagne le domaine des publications commerciales à la fin des années 1820, se faisant dorénavant appeler Iitsu. Entre 1830 et 1835, sa première série notable de paysages, les Trente-Six Vues du mont Fuji, est imprimée. Les années 1830 s’avèrent fructueuses puisqu’il réalise nombre de ses plus célèbres séries telles que Voyage au fil des cascades des différentes provinces, Huit Vues des îles Ryukyu, Miroir de la poésie chinoise et japonaise, ainsi qu’un autre panorama du mont Fuji, à travers le livre illustré des Cent Vues. Il voit ça comme une nouvelle étape dans sa carrière et change donc de nom pour Gakyorojin Manji, « Gakyorojin » signifiant « le vieux fou de dessin ».

Katsushika-Hokusai 1834-1835

Le Mont Fuji et un dragon (Toryu no Fuji), de la série Cent Vues du mont Fuji
(Fugaku hyakkei), vol. 2, 1835.
Sumizuri-e (gravure sur bois monochrome), 22,6 x 15,6 cm.
Rijksmuseum Volkenkunde, Leyde.

        Les années 1836-1838 voient la crise de la période Tempo culminer, le pays dévasté par une grande famine et d’importants troubles financiers provoquant l’effondrement du marché des estampes et des livres imprimés. Hokusai devient extrêmement pauvre et l’on dit qu’il essaie de vendre ses dessins dans la rue. Tout comme de nombreuses personnes, il quitte Edo et se réfugie à la campagne. Malgré la parution d’une dernière série de pièces uniques à son retour (Cent Poèmes expliqués par la nourrice), la production de Hokusai décroît durant ses dix dernières années d’existence. Il se consacre alors principalement à la peinture. Il meurt le dix-huitième jour du quatrième mois de 1849, et ses cendres sont déposées au temple Seikyoji à Asakusa, à Edo.


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